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site d’Anne Savelli

Octobre 2020

dimanche 1er Novembre 2020, par Anne Savelli

Cette fois, je n’ai pas noté scrupuleusement ce que j’avais lu, vu, écouté durant le mois. Je rédige donc cet article a posteriori, en dehors de mes remarques sur le livre d’Olivier Bétourné, et vais donc certainement oublier non seulement certains titres, mais, même, en partie, ce qui m’a procuré réflexions et émotions en octobre. L’actualité anxiogène couplée à une bonne crève m’ont surtout propulsée dans les bras de la reine d’Angleterre : The Crown, comme une consolation. Auparavant, j’étais tout de même allée voir une exposition qui a fait remonter quelques souvenirs...

Livres

La Vie comme un livre, Mémoires d’un éditeur engagé, Olivier Bétourné. C’est une vidéo de François Bon qui m’a poussée à lire ce livre. En la regardant, je me suis souvenue de la fois où Olivier Bétourné, spécialiste en sciences humaines mais pas que, m’avait reçue chez Fayard sur le conseil de François, me donnant rendez-vous pour me dire non, acte que j’appelle un "café de refus" (ici sans café) et qui reste pour moi incompréhensible, même si je conçois qu’on le fasse dans l’intention d’encourager l’auteur et de lui donner des conseils (surtout si, un jour, il décide d’écrire un livre plus accessible que celui qu’il présente) : sur le moment, l’auteur en question ne peut pas imaginer qu’on veuille le voir pour rien. Si Olivier Bétourné avait raison ("vous trouverez un petit éditeur de poésie"... ce qui ne s’est tout de même produit que six ans plus tard), si je me souviens fort bien de son argument principal ("vous perdez votre lecteur", remarque que j’ai en tête depuis, que ce soit pour creuser le sillon, m’en éloigner ou jouer avec), je ne me rappelle plus ce qu’il avait pu aimer dans mon texte. Mon seul souvenir : m’être sentie sonnée et, une fois dans la rue, avoir eu envie de recommencer à fumer. Sur l’instant, ma victoire fut précisément de ne pas m’y remettre ; de ne pas m’arrêter à ce refus, ensuite, même s’il m’a bloquée pendant de longs mois (il s’agissait de Fenêtres, mon premier livre paru). Si je m’étais découragée à ce moment-là, je n’aurais peut-être publié aucun livre — ce qui ne veut pas dire que je n’aurais pas continué à écrire. Mais bref. J’étais curieuse de lire les mémoires d’un éditeur puissant, connaissant par cœur ce milieu littéraire à côté duquel je suis passée, pour lequel j’ai par moments travaillé à la marge sans jamais avoir eu envie, au fond, de m’y intégrer : je voulais que ce livre, avec précision, me permette de comprendre pourquoi je n’ai jamais réussi à trouver ce monde désirable alors même que j’avais l’espoir, et donc le désir, d’y être acceptée en tant qu’écrivaine. Sans surprise, ce qui est décrit, c’est le panier de crabes auquel on pouvait s’attendre, bourgeois et viriliste, surtout au début, un milieu asphyxiant pour lequel les auteurs sont des "prises" qu’on se dispute et les femmes de pouvoir une infime minorité. Olivier Bétourné, historien de formation, parle des coups bas avec élégance et retenue mais il en parle souvent. Même si ses protagonistes, éditeurs, journalistes, directeurs de collections, disent se battre au nom de raisons politiques ou morales, j’ai eu du mal y voir autre chose que des combats d’egos. Jamais, par ailleurs, il n’évoque les conditions d’existence des écrivains, pas plus que leurs motivations, en dehors de celles qui les attachent à tel ou tel éditeur. Finalement, même s’il dit s’y être beaucoup amusé, le monde qu’il décrit m’est apparu d’une infinie tristesse.
Comment je ne suis pas devenu poète, Hubert Antoine
Le Gourmet solitaire, bande dessinée, scénario de Masayuki Kusumi, dessin de Jirô Taniguchi. Un de mes grands plaisirs de lecture ces derniers temps. L’époque vous déprime ? Lisez-le !
209, rue Saint-Maur, Paris Xe, Ruth Zylberman (commencé)
Ulysse, James Joyce (re-re-recommencé)

Retours, Fabrizia Ramondino, traduction de Emanuela Schiano Di Pepe (il faut que je trouve le temps de parler de ce merveilleux recueil de poèmes, traduit pour la première fois en France grâce à Emanuela Schiano Di Pepe et publie.net)
L’au-delà de nos âges, Albane Gellé

Films, séries
F for fake, Orson Welles
Les Espionnes racontent, série animée, Arte
The Crown, saison 1 et début de saison 2

Documentaires, vidéos
L’édition, dedans, vidéo de François Bon sur ses relations avec ses différents éditeurs + les éditos quotidiens de François sur sa chaîne Youtube
Au lieu de se souvenir, septembre 2020, Pierre Ménard
La Vie extraordinaire de Fernand Legros, roi des faussaires, Laurent Bergers
Big Flo et Oli : presque trop
L’Image originelle : David Lynch, Pierre-Henri Gibert

Émissions de radio, podcasts

Affaires sensibles, France Inter : Fernand Legros (+ de nombreux autres épisodes, dont un sur la cavale d’Angela Davis)

Free stupid white male, série documentaire de LSD sur l’électorat de Donald Trump

Exposition

Christo et Jeanne-Claude - Paris !, Centre Georges Pompidou. Là encore, un peu comme pour l’essai d’Olivier Bétourné, ce sont en partie des souvenirs personnels qui m’ont donné envie d’aller y voir de plus près. Il se trouve, en effet, qu’en 1985 j’aurais dû faire partie des médiateurs chargés d’orienter les touristes sur le Pont-Neuf emballé. Comme tous les autres, je m’étais levée en fin de nuit, avais fait la queue à l’aube sur les quais pour m’inscrire, avais dû ensuite me rendre chez Manpower signer un contrat, avait rencontré Christo et Jeanne-Claude qui nous avaient réunis pour nous présenter le projet et leurs précédentes réalisations. Simplement, la veille de commencer, Manpower m’a appelée pour me signifier que, finalement, ils n’avaient pas besoin de moi. L’entrée dans le monde du travail commençait bien !

(j’ai 18 ans, le bac en poche, suis quelque part par là)

Galerie

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