parution le 03/10/2024
ISBN 978-2-490364-42-8
53 pages
12 euros

Réconforts
dimanche 12 Janvier 2025, par
(Je ne sais pas qui a fait ce montage mais qu’il ou elle en soit remercié·e : c’est tellement ça !)
Mardi Alors en fait, c’est la grippe, me dit ma généraliste, chez laquelle je retourne après avoir vu un médecin le 24 décembre au soir, et vous en avez encore pour quinze jours de fatigue. Elle me dit de ne pas m’acharner devant mon manuscrit, de me reposer, et envoie, devant mes yeux, un arrêt maladie à la sécu. Je n’ai jamais pris d’arrêt maladie en tant qu’artiste-auteur et, à bien y réfléchir, peut-être jamais tout court, pas depuis quinze ou vingt ans, en tout cas. Je sais que c’est très compliqué, avec ce statut, et je sens que je tiens la suite de ce feuilleton médical, ô combien palpitant, de ce début d’année — à suivre, donc. Elle signe un arrêt de deux semaines, puisque c’est de deux semaines dont j’ai encore besoin ("Une grippe, il faut un mois pour s’en remettre"). Qu’il soit ou non pris en compte, sur le moment, dans son cabinet, j’ai l’impression d’enfin sortir d’un no woman’s land, d’avoir droit à quelque chose qui s’apparenterait à une place. Que l’autrice qui m’a poussée à faire cette démarche en m’envoyant un message soit ici très vivement remerciée.
2025 commence donc sur les chapeaux de roues, comme on le voit, et le podcast, si j’arrive à le sortir à temps, devrait être une suite de soupirs, de petits pas, de tentatives, d’échecs et tutti quanti, vous voilà prévenus. En attendant, le jour même des dix ans de l’attentat de Charlie, Le Pen est enfin trépassé, ce qui me rappelle, pour commencer, mes vingt ans, le rock alternatif, les concerts des Bérus, la fin de Porcherie (la jeunesse emmerde le front national, hein, tout ça). Un article du Monde m’apprend, avec des mois de retard, que le slogan du morceau est repris sur Tiktok.
En regardant cette première vidéo de concert que je trouve, abîmée, floue, semblant venir du fond des âges, je pense à la façon dont se morcèle et se recompose une vie, de décade en décade : par ruptures. Je sais, au fond, comment s’est opéré ce moment où j’ai cessé de me rendre dans ce type de concert (pas cher quand il n’était pas gratuit, facilement accessible en métro). Je me souviens d’un dimanche où je me suis tannée pour y aller seule, parce que je n’avais, alors, plus d’amis avec lesquels partager ce moment. Je me souviens de mon hésitation, de mon arrivée dans la salle et de la tristesse ressentie (Que faire de soi ? Que partager ?).
Du fond de mon lit, et contrairement à une de mes résolutions secrètes de ce début d’année, je suis l’actualité, en particulier lorsqu’elle parle de Musk, de désinformation, autrement dit, de propagande. Où circule l’idée, dans les podcasts que j’écoute comme dans les articles que je lis, de se remettre à parler face à face, dans les cafés ou d’autres lieux dédiés, au présent. De cesser d’être seul·e devant son écran, de scroller sans l’avoir voulu, sans avoir conscience de le faire, toutes choses sur lesquelles nous avions commencé à réfléchir, avec L’aiR Nu, en développant le projet Nos îles numériques, en particulier dans l’enquête — réflexion qui a cependant été stoppée, alors, par la pandémie.
Le projet des Bulles d’air serait-il une façon d’avancer, à ce sujet, et de créer de nouvelles formes de liens ? C’est vraiment ce que j’espère, en ce mercredi, alors que la météo comme la grippe ne me poussent pas encore, loin de là, à m’imaginer dehors.
Jeudi Hier, j’ai réussi à réécrire un tout petit peu, grâce au nouveau livre de Guy Bennett, En exergue (lecture à venir ce mois-ci dans la rubrique L’aiR Lu), qui s’intéresse à la question de la citation, à son rapport avec l’art, la création. Brusquement, une petite impulsion m’est revenue, qui avait disparu depuis longtemps. J’aimerais bien lui en parler, mais avec les incendies de Los Angeles qui viennent de se déclarer, ce sont bien sûr de ses nouvelles, que je demande.
Autre source d’impulsion : les vidéos quotidiennes de François Bon à partir de l’agenda/carnet que tenait Lovecraft il y a pile cent ans. Je n’ai jamais rien lu de Lovecraft, j’avoue, mais le fait que François s’intéresse à de micro-détails de la vie d’un écrivain et les relie à la vie de la cité me réconforte, tout comme l’idée qu’il le fasse chaque jour pendant un an.
J’en reviens à En exergue : je savais qu’il sortait, bien sûr, puisque Guy Bennett m’en avait parlé lorsque je l’avais interrogé pour mon podcast, et il me l’a fait envoyer sans me le dire, raison pour laquelle je l’ai et l’ai lu (il est paru le 5 janvier). Mais si je n’avais pas été au courant, comment l’aurais-je su ? Qu’Olivier Cadiot ou Jean Echenoz publient de nouveaux livres, en cette rentrée de janvier, ça, je ne peux pas passer à côté, plusieurs médias ou RS m’en parlent. Les réseaux sociaux, par ailleurs (les miens, en tout cas) fourmillent d’auto-promotions, toutes choses qui peuvent me paraître intéressantes (je suis informée que ça sort/je suis contente pour l’auteur ou l’autrice que je connais) mais aussi contre-productives (j’en ai très vite marre de voir plusieurs fois apparaître la même couverture de livre).
Vendredi J’ai ma réponse : Pierre Ménard parle de En exergue sur Liminaire, et nous conseille, à L’aiR Nu, par mail, de le lire. Je sors pour la première fois faire une courte promenade aux Buttes, découvre que la chute d’eau que j’aimais bien, avant le confinement, a été remise en fonction. Je croise un grand panneau affichant un portrait de Lola Lafon, que j’écoute le lendemain chez Rebecca Manzoni, dans Totemic, entretien chaleureux que je recommande.
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