Sur le bord

La semaine du 15 février, j’ai entamé ici-même un article dans lequel je voulais lister les "prétextes tout à fait convaincants pour ne pas écrire et le résultat des courses durant une semaine" afin de le poster le dimanche, comme je le fais d’habitude. Ci-dessous, vous retrouverez les trois premiers jours (15,16,17 février) qui auraient pu être distrayants si, en réalité, je ne m’étais pas menti à moi-même : j’allais droit vers une troisième rechute de burn out et je ne voulais pas le voir. Les "mauvaises nuits" n’avaient rien d’épisodique, je ne trouvais plus de solution. J’ai dû me faire aider d’urgence. En me relisant aujourd’hui, je réalise que les signaux d’alerte étaient déjà au rouge, en réalité (il me semble ainsi que ce que je raconte sur Bruits n’est compréhensible que pour moi, tant pis, je le laisse).

Chaque fois, je refuse de voir que c’est grave. Je crois toujours que ce n’est pas grand chose, que je vais résister. Or, il ne faut pas résister. Il ne faut pas lutter. Il faut se faire aider. Et c’est exactement pareil pour l’écriture : on ne tient pas la distance sans relais solides.

Je n’ai pas rechuté, je dors beaucoup, et travaille comme je peux. Pour ne pas terminer sur une note triste (alors que je suis, comme beaucoup, remuée par la mort de Joseph Ponthus hier), j’ai mis à la fin de cet article ce que j’ai fabriqué, hier justement, avant d’apprendre la nouvelle : un son comprenant le début de L’aventure moderne et une petite chanson, L’île au lendemain, pour Nos îles numériques. Je n’ai pas demandé son avis à Julien Doré, j’espère qu’il ne m’en voudra pas.

Lundi

Raisons de ne pas écrire : une nuit particulièrement dure, avoir mal partout au réveil et s’en inquiéter + un atelier à animer de 18h à 19h30 en visio, à préparer avant + se reposer entre les deux. Début d’après-midi : courrier de l’Ursaff Limousin qui m’a envoyé (en tant qu’autrice) un code d’accès au site web après un an d’attente et ne me donne plus maintenant que quatre jours pour remplir ma déclaration 2019, que j’ai déjà faite sur papier et envoyée trois fois (leur lettre aura mis 9 jours à m’arriver, par ailleurs). Il faut partir à la pêche des certificats de précompte que les diffuseurs n’expédient que rarement, autant dire que se mettre à écrire avant l’atelier n’est pas gagné.

Résultats  :

- l’atelier ayant été déjà en grande partie préparé la semaine précédente, il ne reste qu’à le mettre en forme, ce qui est bouclé à 11h30 (ne pas revenir dessus).

- je décide de mettre à distance les douleurs et les peurs en en parlant, le lendemain matin, à l’ostéopathe avec lequel un rendez-vous a été pris la semaine précédente.

- en ce qui concerne la déclaration, je l’entame, mais la suspends après un moment : il y a un certain nombre de diffuseurs à indiquer et à contacter (dont L’aiR Nu), l’Ursaff ayant été incapable de les retrouver, malgré les numéros de SIRET indiqués dans ma déclaration. J’envoie un mail à un diffuseur qui me répond (merci !) mais je suis dans un tel état de fatigue que ce n’est pas la peine d’insister pour le reste.

Je reprends alors Bruits à l’heure qu’il est en réalité et non dans mon livre : 15h30. À 15h53, j’ai fini d’écrire un petit paragraphe minuté à 15h32, le temps d’ouvrir le traitement de textes, de découvrir ce qui précède (le crash du texte initial, que j’ai inclus dans le manuscrit) et ce qui suivra mon fragment du jour, paragraphe d’avant la pandémie, racontant une vie en bibliothèque qui pour l’instant n’existe plus. J’ai en effet, dans mon dossier Bruits, des "minutes" de ci de là qui ne suivent pas le déroulement du texte initial, courts paragraphes inspirés par le moment présent. J’ai commencé à en écrire avant de me remettre à la rédaction d’un récit suivi (F en fuite dans la ville à partir de 6h du matin) et je continue dès que je me sens trop fatiguée pour faire autre chose que noter ce qui vient, quitte à tout supprimer par la suite. La partie 15h-16h est si éloignée dans le temps de mon récit actuel que ça me donne une certaine marge, me dis-je (je me comprends). Bon. Au moins une minute d’écrite, c’est déjà ça.
Mardi

Raisons de ne pas écrire : Mauvaise nuit + le matin, séance chez l’ostéopathe + tout le reste de la journée à déguster. Si l’heure qui suit la séance me permet d’aller faire un tour aux Buttes-Chaumont sous un peu de soleil, celles d’après ne sont en effet qu’une suite de douleurs et de vertiges. Écrire ? Ce n’est pas la peine d’y penser — ni même lire.
Mercredi

Raisons de ne pas écrire : Mauvaise nuit + les questions d’Ursaff à résoudre. J’écris une minute "en direct" pour me chauffer et ne pas commencer la journée par un moment de déprime administrative. Je ne sais pas qui cette "minute" concerne exactement, dans mon texte : voilà qui m’amène à réfléchir au sort que je réserve à mes personnages. Puis je tente de faire avancer mon dossier de cotisations, ce qui se révèle impossible car l’un de mes diffuseurs (en l’occurrence, L’aiR Nu) n’a pas accès à son compte. Je mets ma casquette de diffuseur, j’envoie un mail avec numéro de compte et de SIRET avant de découvrir sur la page d’accueil de l’Ursaff Limousin que celle-ci semble en pleine panade, de toute façon. Je retire ma casquette de diffuseur, reprends ma casquette d’auteur.

Résultats  : Je rame sur [07:20] depuis plusieurs jours, que je cherche à "écrire mieux" que les autres de la partie 7h-8h. J’ai peut-être raison, je ne sais pas. En attendant, prétextes pour ne pas passer à la minute suivante : j’ai mal au dos, il faut nettoyer les toilettes, j’écris des bibliotweets pour le compte Twitter de La Marelle à la place, j’ai faim.

(on constate que prétextes et résultats ne cessent de se mêler)

Début d’après-midi : pour me venger de [07:20], j’écris [07:21] et [07:22] à toute vitesse, sans effort. Retour de bâton possible.